Un climat électrique : Résistances aux nouvelles infrastructures de « transition énergétique » et gouvernement des critiques dans les espaces ruraux populaires du Grand Est

Nom : GRIMAULT
Prénom : Jimmy
Type de soutenance : Thèse soutenue
Date de soutenance : 14/11/2023

Directeurs de thèse :
  • M. Michel DESHAIES, Université de Lorraine, Directeur de thèse
  • M. Mark BAILONI, Université de Lorraine, Co-directeur de thèse
Composition du jury :
  • M. Michel DESHAIES, Université de Lorraine, Directeur de thèse
  • M. Mark BAILONI, Université de Lorraine, Co-directeur de thèse
  • M. Philippe SUBRA, Université Paris 8 Saint-Denis, Rapporteur
  • Mme Geneviève PIERRE, Université d’Orléans, Rapporteure
  • Mme Stéphanie DECHEZELLES, Université de Pau et des pays de l’Adour, Examinatrice
  • Mme Laurence RAINEAU, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Examinatrice
    Mme Annaig OIRY, Université Gustave Eiffel de Marne-la-Vallée, Examinatrice
Mots-clés :

transition énergétique, espaces ruraux, classes populaires, inégalités environnementales, conflits, France

Résumé :

Si l’idée d’un développement des énergies « renouvelables » dans le cadre d’une « transition énergétique » vers un mix énergétique moins carboné paraît consensuelle, dans la pratique, les milliers de projets locaux disséminés sur le territoire français rencontrent de vives contestations auxquelles prennent part des dizaines de milliers de personnes. Cette thèse propose, à partir d’une enquête qualitative par entretiens et observations, d’étudier les conflits entourant le développement des éoliennes industrielles dans les espaces ruraux du Grand Est. Ces infrastructures énergétiques se sont concentrées en « réacteurs éoliens » dans des marges rurales ayant subi de multiples crises au cours des dernières décennies. En outre, ces campagnes se caractérisent par une surreprésentation des classes populaires, qui s’explique par les diverses protections (paysagères, environnementales, patrimoniales, etc.) dans les campagnes bourgeoises et les mobilisations victorieuses de ces classes sociales pour défendre leur environnement (châtelains, vignerons, néo-ruraux). Les résistances sont toutefois nombreuses face aux inégalités environnementales et socio-spatiales générées, et cette recherche explore singulièrement les réactions des groupes sociaux dominés (classes populaires, agriculteurs marginalisés, etc.). Face à cela, les industriels et les pouvoirs publics conçoivent des stratégies pour rendre possible ce nouvel extractivisme. De nouveaux dispositifs participatifs sont déployés (porte-à-porte, etc.), ainsi que des instruments économiques, comme différents types d’investissement local (« participatif », « citoyen », etc.). En outre, face à la contestation des dégâts environnementaux de ces nouvelles infrastructures, des dispositifs techniques et écologiques sont mis en place. Dans une dernière partie, cette recherche interroge les transformations du système électrique français à l’issue de cette « transition énergétique » au regard de l’héritage de l’énergie nucléaire et de son architecture de grand réseau. Les énergies « renouvelables » s’inscrivent désormais dans ce modèle français du productivisme électrique. Cependant, des recherches émergentes sur les low-tech et des pratiques populaires d’inter-subsistance permettent de repenser les questions énergétiques.