Paysages industriels en Europe : constructions, reconversions, patrimonielisations

Nom : EDELBLUTTE
Prénom : Simon
Type de soutenance : HDR
Date de soutenance : 10/12/2012

Directeurs de thèse :

Michel DESHAIES, Université de Lorraine

Sylvie DAVIET, Université Aix-Marseille

Résumé :

Géographie et paysage ont une relation très forte, caractérisée dans un premier temps (charnière des XIXème et XXème siècles) par une quasi exclusivité, puis par un rejet du paysage, au milieu du XXème siècle, par une géographie de plus en plus quantitative ; enfin, par un retour au premier plan par le biais de la géographie cultuelle, intégrant la subjectivité du paysage perçu par l’observateur.

Cependant, au sein de ces mouvements, les paysages créés par l’industrie ont été et sont encore assez peu abordés par les géographes français, alors qu’ils le sont, depuis longtemps, par les géographes britanniques ou allemands. Même lorsque l’approche paysagère était dominante au sein de la géographie française, à la fin du XIXème siècle et alors que l’industrie était, de plus, valorisée en tant que symbole de la modernité, les géographes français étaient en fait plus préoccupés par les paysages agri-ruraux. Puis, durant les Trente Glorieuses, l’industrie est étudiée par les géographes sous un angle presque exclusivement productiviste, en lien avec la domination de la géographie quantitative et le rejet du paysage à l’époque. Enfin, plus récemment, avec la désindustrialisation avérée des pays anciennement industriels, les géographes se préoccupent plus des conséquences territoriales des changements de paradigmes économiques et sociaux que du devenir des paysages industriels, anciens ou nouveaux.

Le paysage industriel est pourtant aujourd’hui reconnu – et parfois même protégé en tant que patrimoine mondial – comme paysage culturel par l’UNESCO. C’est en effet un vaste champ d’étude qui ne se résume pas qu’aux seules usines, au demeurant d’une grande variété (usines à étages, usines à sheds, usines tubulaires, hangars fonctionnalistes, etc.) ; il inclut tout un ensemble d’éléments annexes, liés au processus de production (barrages, canaux, bassins, crassiers, bretelles ferroviaires, etc.) ou liés à la vie de son personnel (cités ouvrières, demeure patronale, coopératives, foyers, stades, fermes-modèles, etc.). Ces éléments sont plus ou moins sensibles dans le paysage en fonction du degré de paternalisme pratiqué autour de l’usine.

Plus récemment, avec la fin du paternalisme, lié à la fin du fordisme, et la mondialisation, de nouveaux paysages industriels apparaissent, tant dans les pays anciennement industrialisés que dans les pays émergents, principalement autour de Zones d’Activités mêlant, dans une banalisation croissante due à l’utilisation du hangar fonctionnaliste, usines, entrepôts ou commerces de gros.

Parallèlement, d’autres types de paysages industriels peuvent être distingués, autour de l’héritage des périodes précédentes. Friches industrielles, usines ou éléments annexes reconvertis et parfois valorisés par leur mise en patrimoine, forment un paysage industriel hérité qui fait partie de l’identité de nombreux territoires anciennement industrialisés.

En replaçant, le paysage industriel dans l’évolution de l’étude de l’industrie en géographie, ce volume vise ainsi à synthétiser une quinzaine d’années de recherches effectuées dans ce domaine. En cohérence avec la spécialité première du CERPA, l’utilisation et l’étude des paysages, il veut aussi montrer l’intérêt des méthodes qui y ont été développées en les appliquant à cette thématique industrielle. Les questionnements sur la gestion des paysages hérités et de leur patrimonialisation, y tiennent une place essentielle.