Soutenance de thèse de Tarik EL ORFI

Tarik EL ORFI a soutenu publiquement ses travaux de thèse intitulés « Quantification, modélisation et usages des ressources en eau dans le Haut Bassin de l’Oum Er Rbia (Amont du barrage Ahmed El Hansali, Maroc) ».

La soutenance a eu lieu le jeudi 14 décembre 2023, à 10h30, à l’Université Sultan Moulay Slimane (amphi 4), Beni Mellal, Maroc.

Résumé de la thèse :

Les changements climatiques résultant des activités humaines sont un fait établi, avec une augmentation rapide de la température à la surface du globe. En raison de son emplacement géographique, le Maroc est naturellement aride, caractérisé par des précipitations irrégulières et des ressources en eau limitées. Cette situation est d’autant plus préoccupante avec l’effet conjugué de la croissance démographique, qui exerce une pression accrue sur ces précieuses ressources en eau. Cette thèse traite une problématique visant l’évaluation de la ressource en eau disponible dans le Haut Bassin de l’Oum Er Rbia « HaB-OER », en amont du barrage Ahmed El Hansali « b’AEH ».
Ce bassin constitue l’un des bassins majeurs qui alimentent en permanence l’Oum Er Rbia grâce notamment aux fameuses sources de l’Oum Er Rbia. Il s’étend sur une superficie de 3380 km², et se situe au cœur du Maroc, au niveau de la jonction entre le Moyen Atlas et la Meseta centrale. Les contrastes Géo « graphiques, logiques, morphologiques » du HaB-OER entre les deux domaines sont à l’origine de différences spatiales d’un ensemble de facteurs. Contrairement au domaine de la Meseta, le domaine du Moyen Atlas se caractérise par un climat plus humide, une densité élevée de couverture forestière, et une prédominance des formations calcaires karstiques. Cela favorise l’infiltration des précipitations et la recharge de la nappe phréatique. L’émergence de cette nappe conduit à la formation de nombreuses sources, parmi lesquelles les plus importantes sont celles de l’Oum Er Rbia, qui contribuent à la régulation et à la pérennité de l’écoulement de cette rivière tout au long de l’année.
Ces travaux contribuent à la compréhension des transformations territoriales au niveau du HaB-OER, qu’elles soient d’origine naturelle ou anthropique, et de leur interaction dans ces zones de montagne. Pour ce faire, une démarche « hydrologique géographique » basée sur des données multi-sources a été mise en place. L’essentiel des travaux porte sur les données hydro-climatiques observées sur la période 1975-76 à 2018-19 par les services institutionnels, ainsi que sur les informations dérivées des images satellites depuis le début des années 1980.
Notre analyse s’appuie également sur des données originales produites dans le cadre des travaux de terrain réalisés dans la zone entre 2018 et 2022, pour le suivi des cours d’eau, des sources, des lacs et des puits. Elles concernent la connaissance des rendements hydrologiques à l’échelle spatiale fine et les modalités d’usages et de gouvernance de la ressource. L’approche a impliqué l’utilisation de méthodes d’hydrologie analytique, de modélisation hydrologique et de modélisation climatique prédictive pour quantifier les ressources en eau de surface et souterraine et les mettre en relation avec les facteurs naturels et anthropiques sur une période allant du passé récent (1975) à un futur proche (2050), moyen (2070) et lointain (2100). En ce qui concerne les principaux résultats, le barrage d’AEH, destiné à l’irrigation d’un vaste périmètre agricole, est alimenté par un écoulement annuel moyen de 760 hm3, dont 128 hm3 proviennent des crues, ce qui représente environ 17% du total. La contribution maximale provient de l’Oum Er Rbia, avec 500 hm3, soit 66% des apports. Les volumes annuels moyens en eau souterraine contribuant aux débits sont d’environ 600 hm3, dont la part de l’Oum Er Rbia dépasse les 80%. Ces données soulignent l’importance cruciale de la contribution des nappes souterraines à l’alimentation des cours d’eau du HaB-OER.
Par ailleurs, en plus de la diminution qu’a connue le b’AEH au cours des dernières années, les projections futures indiquent que les apports en eau continueront à décroître. Cette diminution atteint, à la fin des années 2050, 16 % à 26 % par rapport au débit de référence, selon les deux scénarios RCP 4.5 et RCP 8.5. Elle s’accentue davantage vers les années 2100, atteignant simultanément 23 % et 53 %.

Mots-clés : Moyen Atlas (Maroc), Oum Er Rbia, ressources en eau, quantification, projections futures.

Le jury était composé de :

  • M. Ionel HAIDU, Université de Lorraine, Directeur de thèse
  • M. Mohamed EL GHACHI, Université Sultan Moulay Slimane, Co-directeur de thèse
  • M. Sébastien LEBAUT, Université de Lorraine, Co-directeur de thèse
  • M. Alain DEVOS, Université de Reims, Rapporteur
  • Mme Rachida EL MORABET, Université Hassan II, Rapporteure
  • M. Farid JAA, Université Sultan Moulay Slimane, Examinateur