La pandémie de Covid 19 qui s’est propagée depuis la Chine au reste du monde au cours de l’hiver 2020, a particulièrement touché l’Europe occidentale. Le 7 mai 2020, l’Europe de l’ouest concentrait plus d’un million de cas (1 200 000), soit 32% des cas recensés dans le monde. Le plus frappant peut-être est l’importance de la mortalité en Europe occidentale, puisque ces pays comptaient le 7 mai, plus de 140 000 décès, soit 53% du total mondial. Si la France et l’Allemagne avaient à peu près le même nombre de cas (environ 170 000), elles se différenciaient fortement par la mortalité, beaucoup plus élevée en France. Tandis que l’Allemagne n’enregistrait au total que 7 275 décès, soit un taux de 87/million d’habitants, la France comptait alors déjà 25 812 décès liés au Covid 19, soit un taux de 395,4/ million d’habitants. Un tel contraste peut paraître paradoxal dans la mesure où, dans les deux pays, on constate une multiplication simultanée des cas au cours du mois de février. Il apparait aujourd’hui clairement que les dirigeants allemands ont bien anticipé la crise ; ce qui n’a pas été le cas en France. Cependant, en Allemagne et en France, on observe de grands contrastes géographiques dans la densité des cas. Ces inégalités correspondent à des schémas d’organisation spatiale très différents dans les deux pays. Il est trop tôt pour pouvoir comprendre les mécanismes par lesquels ces schémas ont favorisé, ou entravé la propagation du virus. Néanmoins, l’étude de la répartition spatiale des densités de cas et de mortalité peut contribuer à les éclairer.
Michel Deshaies