Frédérique Morel-Doridat, doctorante au LOTERR, publie dans la Revue Marketing Territorial un article qui questionne les représentations du processus de décroissance urbaine entre la France et l’Allemagne. Cette publication s’inscrit dans un contexte où la croissance reste la norme et les cultures de l’aménagement propres aux territoires nationaux.
La décroissance urbaine : un processus en plein essor
Depuis une cinquantaine d’années, et tout particulièrement depuis le début du XXIe siècle, la thématique des villes en décroissance connaît un essor grandissant dans les travaux scientifiques dont ceux européens. Un tel engouement s’appuie sur un accroissement notable du nombre de villes, et plus globalement de territoires, aux trajectoires démographiques négatives. Aussi, la généralisation actuelle de la décroissance et l’aggravation locale de ses manifestations physiques invitent les pouvoirs publics à ne plus en ignorer les symptômes. Cela se traduit par une mise progressive à l’agenda des problématiques de perte en population et en attractivité des territoires ainsi qu’à la proposition d’actions ciblées voulues comme autant de réponses aux facteurs particuliers de déclin, qu’ils soient locaux, régionaux ou même nationaux voire transnationaux. De tels facteurs s’avèrent multiples : démographiques certes, mais aussi économiques, sociaux, politiques et urbains, tous symptomatiques d’une crise structurelle (Cunningham-Sabot et al., 2013) et d’une perte en attractivité des territoires (Roth, 2016). Ainsi, la caractérisation du processus et sa compréhension relèvent d’une grande variété d’indicateurs d’ordres quantitatifs mais aussi qualitatifs. À titre d’exemple, la perte en attractivité des territoires ne peut être pleinement appréhender sans en référer aux éléments d’ordre discursif participant à l’image générale des territoires, à leurs différentiations et à leur mise en concurrence. Or, ces hétérogénéités locales et dynamiques concurrentielles trouvent une résonnance toute particulière pour les territoires localisés le long d’une frontière nationale. Limite maximale de la souveraineté d’un État, la ligne cadre oppose tout en mettant en contact des territoires aux dynamiques, aux politiques et cultures variées en particulier d’aménagement. Généralement définies comme l’ensemble des méthodes et outils à disposition des acteurs de l’aménagement mais aussi des valeurs et autres croyances auxquels ils adhérent (Knieling et Othengrafen, 2015), de telles cultures s’avèrent extrêmement hétérogènes dans les espaces frontaliers. Elles participent, entre autres, à de nettes différences de reconnaissance mais aussi de gestion et de représentations du processus tout en rendant, pour l’heure, impossible toute réponse partagée à la décroissance dans les espaces frontaliers, cela malgré la présence de périmètres de coopération transfrontalière.
La décroissance urbaine : un enjeu d’aménagement partagé entre la France et l’Allemagne
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’article « Représentations de la décroissance urbaine de chaque côté de la frontière franco-allemande », rédigé par Frédérique Morel-Doridat, doctorante en géographie au LOTERR, Centre de recherche en géographie. Il s’appuie sur une série d’entretiens qualitatifs menés entre la France et l’Allemagne, à destination tant des acteurs politiques, économiques et de la société civile. Il s’inscrit également dans un travail plus général de questionnement des dynamiques des espaces frontaliers en Europe, en particulier de décroissance urbaine. La publication met de surcroit l’accent sur les représentations des territoires affectés par le processus ainsi que les politiques mises en place pour en limiter les effets à l’échelle des villes jumelées de Forbach (Moselle, France) et de Völklingen (Sarre, Allemagne). Bien que proches géographiquement et marquées par une histoire récente à la croisée des chemins entre annexions, aciéries et charbonnage, elles demeurent encore aujourd’hui éloignées sur le plan politique malgré l’importance de la coopération transfrontalière et des flux journaliers. Elles offrent ainsi à voir une réelle diversité des représentations associées aux processus mais aussi des réponses territoriales liées, cela à seulement dix kilomètres par les réseaux, cinq à vol d’oiseau.
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Site web de Frédérique Morel-Moridat : http://f.moreldoridat.free.fr/Site/