Le LOTERR associé à une étude publiée dans la revue Nature !

Claire Delus et Didier François, géographes hydrologues au LOTERR, co-signent une étude sur la gestion des risques d’inondations et de sécheresses dans le monde.

Cette étude résulte d’une collaboration internationale à grande échelle entre des chercheurs de l’Association internationale des sciences hydrologiques (AISH), dirigée par Heidi Kreibich du Centre de recherche allemand pour les géosciences (GFZ).


Questions à Claire et Didier :

Quelle a été votre contribution à cette étude ?

Cette recherche repose sur un jeu de données international qui comprend 45 événements jumelés de crue ou de sécheresse. Notre contribution a porté sur les sécheresses de 1976 et 2018 en Lorraine, deux événements d’intensité comparable qui ont enregistré des débits extrêmement faibles et qui ont eu d’importantes conséquences socio-économiques. Nous montrons qu’entre 1976 et 2018, la vulnérabilité du territoire face au risque de pénurie d’eau a pu être réduite grâce à des mesures visant à garantir des ressources en eau suffisantes en période d’étiage. Les sécheresses successives des dernières années et de l’été 2022 montrent toutefois que de nouvelles mesures d’adaptation seront probablement nécessaires pour faire face au défi climatique.

Le rapport présentant les processus hydroclimatologiques à l’origine de ces deux sécheresses, ainsi que leurs impacts socio-économiques, est disponible ici : https://doi.org/10.5880/GFZ.4.4.2022.002

Quels sont les points saillants de cette étude ?

L’étude a démontré qu’il est particulièrement difficile de réduire l’impact d’événements extrêmes dont l’ampleur n’a jamais été observée par le passé dans la région touchée. La raison de ce comportement est en partie due à un biais cognitif lié à la rareté et à l’unicité antérieure de ces événements extrêmes, ainsi qu’à la nature de la perception humaine du risque : les événements que l’on a déjà vécus soi-même sont plus susceptibles de se reproduire à l’avenir.

Deux exemples de réussite ont également été examinés, dans lesquels les dommages ont été moindres malgré un risque plus élevé lors du second événement. Trois facteurs de réussite ont été identifiés : une gouvernance efficace de la gestion des risques et des situations d’urgence, des investissements élevés dans des mesures structurelles et non structurelles, et des systèmes améliorés d’alerte précoce et de contrôle en temps réel.

Dans quel contexte s’est déroulée cette étude ?

L’AISH structure son activité autour de programmes scientifiques d’une durée de dix ans. La décennie scientifique 2013–2022 de l’AISH est intitulée “Panta Rhei-Tout s’écoule” et est dédiée à des activités de recherche concernant la question du changement hydrologique et sociétal. La vocation de “Panta Rhei” est d’atteindre une meilleure compréhension des processus régissant le cycle de l’eau en se concentrant sur leur dynamique de changement, en lien avec les systèmes anthropiques qui changent eux–mêmes rapidement. On recherche l’interdisciplinarité avec les sciences socio-économiques et les géosciences en général.


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Contacts : claire.delus@univ-lorraine.fr, didier.françois@univ-lorraine.fr