Les 30, 31 mars et 1er avril 2023, en conclusion des travaux de restauration du Musée Français de la Brasserie de Saint-Nicolas-de-Port, s’est tenu un colloque sur « Les brasseries au temps de l’Art déco dans le Grand Est ».
Les textes des communications ont été rassemblés par Benoît Taveneaux et Catherine Coley dans un ouvrage en deux tomes paru en 2024 et disponible au Musée Français de la Brasserie de Saint-Nicolas-de-Port.
Deux chercheurs du LOTERR, Simon Edelblutte et Gilles Marseille, ont contribué à ce colloque et donc à cet ouvrage.
L’ouvrage comporte cinq thématiques : les territoires et paysages industriels, le patrimoine brassicole régional des années 1930, les brasseries au temps de l’Art déco, l’art et la bière, le renouveau de la production brassicole.
Simon Edelblutte évoque, dans sa contribution « Paysages et territoires industriels autour des brasseries lorraines : systèmes, palimpsestes, héritages » illustrée de photos et cartes personnelles, la façon dont les brasseries ont marqué et marquent encore les territoires et paysages de la Lorraine. Héritages abandonnés et oubliés de très nombreuses brasseries fermées ; héritages patrimonialisés en musées comme à Saint-Nicolas-de-Port ou Ville-sur-Illon ; héritages ponctuellement mis en valeur, parfois sous forme d’alibis patrimoniaux ; dernière grosse brasserie industrielle de Champigneulles ; développement récent de près de 80 brasseries artisanales, souvent diluées dans le paysage banal des Zones d’Activités Économiques surburbaines … tous ces éléments ont pu façonner des paysages plus ou moins spécifiques ou s’intègrent dans les paysages actuels comme témoins d’un passé brassicole régional fort.
Dans son texte titré « Le temps de l’Art déco : une fiction historique à géométrie variable ? », Gilles Marseille adopte le point de vue de l’Histoire de l’art pour interroger les mots, et donc a fortiori les représentations qu’ils induisent, sur cette époque révolue et sa production bâtie. Les usages actuels, tant dans le milieu scientifique que dans la médiation grand public, survalorise une expression, « Art déco », qui était inconnue des contemporains des faits. Là où nous identifions un unique style, ces derniers percevaient une variété de formes de modernité, ce qui se traduit notamment dans l’univers des brasseries nancéiennes d’alors. De même, saisit-on que nos « Art nouveau » et « Art déco » étaient conjointement qualifiés de « modernes » dans un contexte où la copie des styles du passé restait prégnante dans l’actualité architecturale. Les mots employés dans la presse disent aussi le rejet critique de cette mode hybride, tandis que les termes récurrents de « Cubisme » et « Nudisme » révèlent péjorativement l’origine et le devenir supposés de cette esthétique nouvelle.
Contacts : simon.edelblutte@univ-lorraine.fr et gilles.marseille@univ-lorraine.fr